L’auriez-vous reconnu ? Espèce cousine du chevaine, l’aspe se différencie en différents points physiques mais également biologiques car il est bien une espèce carnassière. Pourtant, l’aspe n’est pas endémique de nos cours d’eau gardois. Découvrez donc sa présentation et sachez le reconnaitre ; qui sait, peut-être le rencontreriez vous?
Comment le reconnaitre?
Avec ses reflets argentés, c’est un poisson au corps allongé et élancé, avec une tête pointue. On le distingue notamment bien du chevesne ou d’autres espèces avec sa grande bouche, légèrement dirigée vers le haut, dont la commissure arrive jusqu’aux yeux, et ses nageoires bien découpées et pointues. La nageoire dorsale est de plus implantée en arrière des pelviennes et la nageoire anale est incurvée.
Habitat et comportement
L’aspe fréquente les secteurs de cours d’eau dits « zone à brème » et « zone à barbeau », donc dans les grands milieux courants. Sa tolérance thermique est assez importante puisque son optimum se situerait entre 4 et 20°C . Il affectionne les endroits graveleux à fort courant, surtout pour la reproduction, dans lesquels ces œufs se fixent aux pierres et branches immergées. Les géniteurs peuvent alors parcourir plusieurs centaines de kilomètres pour trouver une frayère adéquate, dans des eaux comprises entre 9 et 19 °C (d’avril à juin).
Les jeunes s’observent généralement en banc et proches de rives, et perdent leur aspect grégaire en vieillissant.
Son régime piscivore en fait une espèce « originale » dans la famille des cyprinidés (communément dénommée « les poissons blancs »).
L’aspe est en effet un carnassier chassant essentiellement des poissons blancs de petite taille (< 10 cm ), comme les jeunes gardons ou encore les ablettes dont il est un prédateur spécialiste. Sa bouche étant quasiment dépourvue de dent, il gobe ses proies en entier puis les broie avec ses dents pharyngiennes.
Aire de répartition
L’aspe est originaire d’Europe centrale et orientale: il s’étend du bassin de Danube et de l’Elbe jusqu’à l’Oural vers l’Est, et jusqu’aux bassins de la mer Baltique au Nord. Il n’est donc pas autochtone des cours d’eau Français.
Il est observé pour la première fois dans le Rhin en 1976 mais la première capture française date de 1988 en Alsace. Depuis, on le retrouve dans la Loire et la Seine à partir des années 2005. Son expansion semble s’être faite à partir des canaux qui créer des connexions entre différents bassins versant. Mais il semble également avoir été introduit clandestinement (de manière volontaire ou non) dans la Loire, rivière qu’il colonise bien rapidement aujourd’hui. La Fédération du Rhône signale également sa première observation en 2021.
Mais dans le Gard alors… ?
On ne s’attend pas à le croiser dans nos cours d’eau, mais plusieurs observations d’aspe nous ont été remontées fin septembre : en 1 semaine d’intervalle, 3 individus ont été capturés lors de concours carnassier sur le Gardon à 2 endroits différents autour de Comps et de Montfrin.
A proximité de notre département, il semblerait que l’aspe soit présent depuis 2 ou 3 ans sur le Vieux Rhône, dans sa traversée des départements de l’Ardèche et de la Drôme. Selon les témoignages des pêcheurs, la Fédération de l’Ardèche observe un nombre de prises bien plus important depuis 1 ans.
L’observation d’aspe dans le Gard suggère donc une colonisation vers l’aval de l’axe Rhône, pour remonter dans les affluents, comme le suggère notre observation dans le Gardon. Vu sa présence à proximité, l’hypothèse d’une introduction via l’Homme (volontaire ou involontaire) est écartée.
On peut supposer que son arrivée dans le Rhône s’est fait via les canaux Rhin-Rhône qui connecte donc ces deux grands bassins hydrographiques. Depuis, il semble descendre l’axe du Rhône progressivement en vue d’habitats favorable.
Essayons de le suivre…
En tant que nouvelle espèce de cyprinidés dans le milieu et vu son intérêt halieutique, la Fédération souhaite suivre son évolution pour identifier dans un premier temps où il se situe dans notre département, mais également suivre sa potentielle expansion géographique et démographique.
Pour cela, nous faisons appel à vous: faites nous remonter vos observations (photo à l’appui)! Ce n’est peut-être pas qu’un simple chevaine qui a tapé votre leurre ou votre canne à coup, mais bien un aspe!
N’hésitez pas à utiliser le carnet de capture en ligne à chacune de vos sorties :www.pechegard.com/carnet-de-capture.
Les informations renseignées permettent d’approcher les abondances sur un secteur contenant un minimum de données.
Cette espèce n’est pas classée en tant qu’espèce susceptible de provoquer de déséquilibre biologique (comme le poisson chat ou la perche soleil) mais n’apparaît pas non plus dans les listes des espèces animales indigènes et non indigènes au territoire. Son introduction volontaire dans d’autres endroits que le lieu de capture reste donc interdite.