On constate depuis plusieurs années une colonisation des cours d’eau et plans d’eau du Gard par des espèces exogènes envahissantes. Cet été 2019 qui se termine a été marqué par des conditions météorologiques particulièrement sèches et chaudes, qui participent aux proliférations algales.
Les équipes techniques de la Fédération de pêche du Gard étudient ces phénomènes afin de mieux les comprendre, et pour pouvoir lutter à terme de manière efficace contre ces colonisations. C’est en particulier la laitue d’eau qui va faire l’objet d’un suivi spécifique, sur le contre canal du Rhône entre Comps et Aramon.
Différentes espèces aquatiques causant des déséquilibres biologiques
Lors de cette saison estivale qui s’achève, les promeneurs et les pêcheurs auront malheureusement pu constater que certaines plantes aquatiques se développent sur les eaux gardoises. Les phénomènes météorologiques que nous avons connus entrainent une baisse des débits et une hausse de la température des cours d’eau. Des conditions qui peuvent être propices au développement de certaines espèces aquatiques et qui ont des conséquences pour nos écosystèmes, par exemple une baisse de la luminosité sous le tapis végétal et une diminution de l’oxygénation de l’eau. C’est ainsi la diversité piscicole qui peut s’en trouver affectée, avec une diminution de densité de poissons, voire des espèces qui peuvent disparaître de certains secteurs.
On rencontre ainsi sur notre département différentes espèces exogènes envahissantes. Parmi les plus répandues, citons la Jussie, la Renouée du Japon, la Berce du Caucase, le Buddleia de David. Pour en savoir plus sur ces espèces aquatiques et surtout pour arriver à les identifier, il est possible de consulter ce site mis en ligne par le SMAGE des Gardons consacré aux plantes invasives des Gardons. Une quinzaine de fiches y sont notamment proposées, dont celle dédiée à la laitue d’eau qui fait l’objet d’une attention particulière de la part des services techniques de la Fédération de pêche du Gard.
La laitue d’eau
La laitue d’eau (Pistia stratiotes) est une espèce de plante aquatique de la famille des Araceae, originaire d’Amérique du sud. On retrouve aussi maintenant Pistia stratiotes en Asie, en Afrique, en Océanie et en Europe. La laitue d’eau est une plante aquatique flottante, vivace (qui vit plusieurs années, pouvant subsister l’hiver). Ses feuilles spongieuses semblent insérées en rosette (mais plus précisément en spirale) et sont de couleur vert clair à vert grisâtre voire bleutées parfois. Munie de fines racines pouvant atteindre 50 centimètres de long, la plante flotte et dérive à la surface de l’eau. La laitue d’eau s’épanouit sur des eaux stagnantes ou à faible courant : plans d’eau, canaux et amonts de seuils constituent ses territoires de prédilection, dans des eaux plutôt chaudes (sa température de croissance optimale se situant entre 22 et 30°C).
Cette espèce était observée de manière ponctuelle avant 2012 en fin d’été dans le Sud-Ouest de la France (en Gironde) et en région méditerranéenne (Gard, Hérault, Vaucluse, Bouches-du-Rhône). Détectée dès 2005 par les services de la Compagnie Nationale du Rhône (CNR) dans le Gard, la laitue d’eau semblait disparaître en hiver, l’espèce étant sensible au gel. Pistia stratiotes est toutefois observée régulièrement depuis 2012, et il semble que l’hiver doux de 2015 / 2016 ait contribué à une implantation plus durable de l’espèce.
Protocole de suivi
Un protocole de suivi est mis en place par les services techniques de la Fédération, afin de suivre le front de colonisation de la laitue d’eau. Il s’agit notamment d’étudier les dynamiques de répartition de la plante invasive, et d’identifier les facteurs qui peuvent favoriser (ou entraver) sa propagation.
La zone d’étude se situe le long du contre canal du Rhône, entre le seuil de Comps et la ville d’Aramon. Cinq écluses surmontent le secteur analysé, sur un linéaire de 8 kilomètres environ. 21 points fixes font ainsi l’objet d’un suivi, choisis indépendamment de la présence ou non de laitue d’eau. Le relevé des coordonnées GPS sur chacun de ces points et la prise d’une photo à chaque passage permettront d’étudier comment se développe la plante. Le relevé des paramètres physico-chimiques effectué (oxygène dissous, pH, conductivité et température) permettra de compléter l’analyse.
Prolifération de laitue d’eau sur le contre canal
Tous ces éléments récoltés viendront enrichir les connaissances sur cette plante exogène envahissante. L’objectif étant clairement dans les années futures de pouvoir définir des protocoles d’action pour lutter efficacement contre le développement de la laitue d’eau, en partenariat avec l’ensemble des protagonistes concernés : AAPPMA de la Gaule Aramontaise, SMAGE du Gardon, IRSEAT (ex CEMAGREF), Agence Française de la Biodiversité, CNR ainsi que les scientifiques spécialisés sur ces thématiques (dont l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).