L’alose feinte de Méditerranée

Présentation de l’espèce

L’Alose feinte méditerranéenne (Alosa agone) est une espèce migratrice endémique du bassin méditerranéen. Elle fréquente les eaux marines littorales pour effectuer sa croissance et migre vers les eaux douces à substrat caillouteux pour sa reproduction.

Les aloses se rapprochent donc des côtes au mois de février avant d’entamer leur montaison vers les fleuves et rivières à partir du mois de mars, et ce jusqu’en juillet. Après éclosion des œufs en rivière, les alosons débutent leur migration de dévalaison vers l’aval courant juin-juillet, jusque fin octobre. Les aloses retournent en eau douce après 2 à 5 ans en mer pour les mâles, généralement un an de plus pour les femelles.

Au cours du XXe siècle, l’aire de répartition de l’alose feinte méditerranéenne a fortement régressé, en raison notamment de la multiplication des obstacles à l’écoulement. C’est une espèce protégée au niveau national ; classée comme quasi-menacée sur les listes de l’U.I.C.N.

L’Alose feinte de méditerranée est une espèce dont les capacités de migration en eau douce sont fortement limitées. En comparaison avec d’autres espèces, elle éprouve plus de difficultés à franchir les obstacles. Elle est donc un bon indicateur pour étudier la continuité écologique et la restauration de la libre circulation des espèces piscicoles.

Des suivis menés spécifiquement

De manière générale, les suivis des espèces migratrices amphihalines du pourtour méditerranéen sont menés par l’association Migrateurs Rhône Méditerranée, avec la forte participation des Fédérations départementales. Cette année, le Gardon et la Cèze ont pu être suivis avec l’aide de différents partenaires (OFB, syndicats et EPTB) en se répartissant un calendrier de suivi. Sur le Vidourle, le suivi a été entièrement mené par la Fédération de pêche du Gard.

La seule méthode fiable aujourd’hui consiste en une présence humaine sur site, entre 23h et 4h, afin de localiser et dénombrer les « bulls ». Le bull est un comportement de reproduction caractéristique de cette espèce. C’est un mouvement circulaire effectué par au minimum deux géniteurs qui frappent la surface de l’eau flanc contre flanc à l’aide de leur nageoire caudale.

Les différents sites de suivi sont inscrits dans un réseau de suivi de bassin dont la coordination est assurée par l’association MRM.

 

Bull d’alose

Cette étude comporte plusieurs objectifs :

  • Observer le bon déroulement de la reproduction de l’alose feinte de Méditerranée.
  • Relever les attaques par les silures des aloses en cours de bull sur ces sites afin d’estimer la pression de prédation sur les reproducteurs
  • Mesurer l’efficacité des aménagements réalisés en faveur de la continuité écologique au travers de la mise en évidence d’individus en amont des ouvrages hydrauliques limitant leur libre circulation.

Sa présence dans le Gard

Dans le Gard, les aloses remontent généralement sur le Vidourle, le Gardon, la Cèze et l’Ardèche.

Leur front de colonisation est déterminé aujourd’hui par des seuils infranchissables, avec toutefois une amélioration des accès aux frayères depuis 2009. En effet, l’État a lancé en 2009 un plan de restauration de la continuité écologique des cours d’eau. Ce plan qui prévoyait l’aménagement ou l’effacement de 1 200 ouvrages transversaux prioritaires en 2012, s’est heurté à une opposition des propriétaires des aménagements et notamment des propriétaires de moulins hydrauliques. Un nouveau « plan d’actions pour une politique apaisée de restauration de la continuité écologique » a vu le jour en 2019 avec pour objectif de mieux prendre en compte l’ensemble des parties prenantes et des politiques publiques :

Ainsi, différents aménagement et travaux ont eu lieu dans le département:

  • sur le Vidourle :, une passe à poisson a été construite sur le seuil de Gallargues-Montueux en 2014, suivi en 2020 par la construction d’une autre passe à poissons à Villetelle. Les nuits de suivis ont permis de montrer le bon fonctionnement de ces passes à poissons et de déterminer le nouveau front de colonisation : La Roque d’Aubais.
  • sur le Gardon : une passe à poisson à Remoulins était bien présente, mais a été rendue infranchissable dû à la baisse du fond du lit de la rivière. En 2021, elle a donc été améliorée sous maîtrise d’ouvrage de l’EPTB Gardons, en prenant en compte les évolutions futures de la rivière. Cet ouvrage est trois fois plus long que le premier, constitué de trois rampes spécifiquement dessinées pour s’adapter aux changements de niveaux d’eau à venir. Des nuits de prospections entre Remoulins et Collias ont été menées afin de déterminer le nouveau front de colonisation suite à la réouverture de la passe à poisson de Remoulins. Elles ont permis de déterminer le nouveau front de colonisation qui est le seuil infranchissable de Collias.
  • Enfin, sur la Cèze: les aloses étaient bloquées au seuil de Chusclan, jusqu’en 2023 où des travaux consistant en un abaissement du seuil et la création d’une passe à poisson ont été menés. Cette année, les aloses ont pu remonter 14km plus haut, jusqu’aux cascades du Sautadet.

 

Limite de front de colonisation des aloses en 2024