Chaque année, les Fédérations de pêche et les AAPPMA ont un rôle à jouer pour le développement du loisir pêche en France. Pour cela, ces associations mènent diverses actions telles que l’initiation à la pêche, la sensibilisation sur les milieux, l’entretien des parcours, la création de parcours halieutiques, mais aussi des opérations d’empoissonnement et d’alevinage.
Il existe communément deux types de gestion piscicole au sein des Fédérations départementales de pêche, régit par l’étude des milieux et des ressouscres piscicole (en savoir + sur le P.D.PG.):
Les opérations d’empoissonnement sont donc des opérations de gestion admis dans la cas d’une gestion raisonnée. Pour autant, le soutien halieutique est une méthode de gestion qui peut engendrer certains débats, notamment entre pêcheurs, mais aussi avec des personnes extérieures au milieu de la pêche. La Fédération, consciente de cette réalité, s’est donc interrogée sur la problématique suivante : Quelles sont les contributions et les limites des déversements de poisson ?
Les contributions
- Quels stades déverser ? Et pour quel(s) objectif(s) ?
Les repeuplements indirects (œufs embryonnés ou alevins vésiculés)
Le fait d’introduire des jeunes stades permettrait aux individus déversés de se développer dans des conditions naturelles et s’adapter au milieu, dans l’objectif de pouvoir atteindre la maturité sexuelle et participer, à terme, à la reproduction dans le milieu de déversement.
Mais la Fédération de pêche du Gard a lancé une étude sur la pertinence des introductions d’œufs et d’alevins de truites Fario dans des ruisseaux du nord du département. L’étude lancée concerne l’impact de l’introduction d’œufs et d’alevins de truite sur le milieu et l’évolution des populations à la suite de cette introduction. Le protocole se base sur une échelle de temps de 3 ans, avec comme critère d’évaluation : la densité, la biomasse, le nombre d’individus selon les tranches d’âge (cohortes), la génétique des truites, mais également les habitats, afin d’identifier d’identifier la viabilité du processus d’empoissonnement.
Si ce processus d’empoissonnement démontre son efficacité, cela permettrait de recoloniser des milieux qui ont été perturbé par l’Homme ou par des conditions météorologiques (crues), et de rétablir leur qualité biologique.

Boite viber contenant des œufs de truite/ Boite viber poser dans le milieu
Les repeuplements directs
Les empoissonnements sont un moyen de maintenir les populations piscicoles sur un secteur de pêche. Le fait d’introduire de nouveaux individus de tailles et d’âges divers, sur des milieux fermés comme des étangs ou des lacs, permet de créer un brassage génétique et de compenser les prélèvements.
Sur ces milieux, la pression de pêche peut y être importante. Le fait de maintenir une population par des empoissonnements permet donc de pérenniser une offre de pêche, même si la pression de prélèvement sur les milieux fermés peut être provoquée par d’autres espèces que l’Homme, comme par exemple le Grand Cormoran, etc.

Camion et cuves de transport de poissons vivants
L’empoissonnement d’une espèce d’élevage
L’empoissonnement d’espèces d’élevage comme par exemple la Truite arc-en-ciel, a comme intérêt de valoriser le loisir pêche. Cette action a pour atout d’offrir une espèce recherchée par les pêcheurs et, en parallèle, de limiter le prélèvement d’espèces autochtone, notamment la Truite fario en permettant son développement dans le milieu.
Mais cette action a quand même certaines limites, notamment celle de l’introduction d’espèces dîtes surdensitaire qui, sur un milieu, peut créer un impact négatif sur les populations autochtones (compétition pour les habitats, la nourriture, etc).

Truite Arc-en-Ciel
Les limites aux déversements de poisson
- Savoir adapter son déversement de poissons autochtones exclusivement pour la capture

Déversement de poisson blanc
Un empoissonnement peut être à la fois bénéfique pour le prélèvement et pour la biodiversité. Dans cet objectif, un empoissonnement doit être réfléchi par la diversité de taille des individus de la même espèce déversée. Si un empoissonnement est à but strictement de prélèvement on retrouvera des poissons de taille convenable à la consommation, ou qui présentent tous la maille minimale de capture, pour ceux qui en possèdent. Par cette diversité, on favorise l’implantation des individus car ils ne rentrent pas en concurrence directe sur la recherche d’habitat et de nourriture au vu de leurs différents besoins, et l’on optimise la viabilité de l’opération car les jeunes ont une meilleure capacité d’adaptation.
- Favoriser le déplacement et la surpopulation de certaines espèces

Carpe commune
L’action d’empoissonnement peut être négative quand une espèce a été introduite dans un autre milieu que celui auquel elle est inféodée. Par exemple, pour pallier l’absence d’une espèce, certains peuvent choisir de « forcer » le déplacement de poissons (Brochet, Perche, Carpe, etc) dans des eaux qui ne sont pas favorables pour les accueillir en raison, par exemple, d’une température de l’eau inadaptée à la vie de l’espèce, d’une vitesse de courant inadaptée à sa nage ou de la présence d’espèces piscicoles pouvant les menacer.
Dans l’unique objectif de faire perdurer la pratique de la pêche de certaines espèces, de telles décisions peuvent amener à une surpopulation des milieux à cause de déversements excessifs ou par une espèce qui s’approprie une nouvelle niche écologique au détriment d’autres.
Afin d’éviter de s’orienter vers ce type de gestion qui peut s’avérer néfaste pour le milieu et les espèces qui y sont inféodées, et pour permettre aux poissons déversés de se développer correctement, la Fédération met en place un Plan Départemental pour la Protection du milieu aquatique et la Gestion piscicole. Ce plan indique quelles sont les gestions adaptées à appliquer selon les différentes zones géographiques, suite aux recherches du pôle technique fédéral. Ce document, validé par arrêté préfectoral, est mis à la disposition des associations.
En parallèle, depuis 2019 il s’accompagne d’un guide des bonnes pratiques sur les déversements piscicoles afin d’adopter la meilleure réflexion possible sur les empoissonnements de nos territoires.