Laissons tranquille nos carnassiers ce mois-ci pour aborder une pêche hivernale très pratiquée sur notre cote Gardoise : la pêche à « l’eging »
C’est une technique de pêche moderne venant du Japon qui consiste à traquer les céphalopodes (seiches, calamars et poulpes) à l’aide de leurres que l’on appelle Turlutte, ou « egi ». La prospection se fait en bateau ou depuis le bord, sur les digues et à la sortie des ports. Les animations des leurres sont diverses. La pêche peut se pratiquer en pêchant en linéaire et en effectuant des pauses lors de la récupération. La turlutte peut être également « twitchée » ce qui permet de la désaxer durant sa nage. C’est le « bichi bachi » qui aura le plus d’adeptes. Cette technique consiste à faire évoluer des turluttes à différentes profondeurs en y apportant des animations violentes comme si vous procédiez à un ferrage. C’est lors de la redescente que les touches interviendront. Il y a également les pêches qui se font en ayant la ou les turluttes en potence au dessus d’un plomb. Cette technique est essentiellement utilisée sur les fonds rocheux.
Pour le matériel vous pouvez vous essayer avec l’une de vos cannes à leurre. L’action L, MH ou d’une puissance 8-20 gr fera très bien l’affaire pour débuter. Si cette pêche vous plaît, vous pourrez alors investir dans une canne spécifique eging. Généralement, on préférera des cannes d’action progressive, semi-parabolique pour éviter au maximum les décrochés. Elles doivent être assez longues si vous pêchez du bord (mini 2.50m). Un moulinet en 2500 équipé d’une tresse de 8 à 12%. Il est préférable d’utiliser des tresses multicolores de type « jig » pour savoir à quelle profondeur ou distance vous enregistrez les touches. Un BDL de 28 à 30% fluoro carbon est primordial pour résister à l’abrasion des rochers.
Pour les turluttes, le choix est si vaste qu’il sera compliqué d’aborder toutes les couleurs et grammages… Ces imitations de crevette recouverte de tissu (sur la plupart des turluttes) sont armées d’un grappin ou panier pour bien piquer les tentacules. Les modèles UV et phosphorescent sont à utiliser en priorité la nuit. Les passionnés auront, comme les leurristes, des boites bien garnies, mais pour un débutant, 3 couleurs doivent être présentes dans votre boite : le rose l’orange et une couleur naturelle (gris-vert-bleu)… Les teintes fluo et sylver sont également à ne pas négliger.
Plusieurs caractéristiques rentrent en jeu. Si l’on pêche du bord, en bateau par eau claire, turbide, la profondeur, le jour, la nuit… Généralement c’est à la tombé de la nuit que la pêche va démarrer. Sur Port Camargue, derrière la capitainerie, ou sur les jetées du Grau du Roi vous trouverez de bons spots, mais c’est en cherchant de nouveaux coins que vous devriez faire de belles rencontres.
Dernière chose n’oubliez pas votre épuisette ou vous risquez de perdre les plus beaux spécimens. Éviter également de vous mettre sur votre 31, les jets d’encre laissent parfois des souvenirs indélébiles…
Pour les épicuriens que nous sommes, quoi de meilleur qu’une bonne rouille, une seiche à la plancha ou des encornets farcis. L’espèce n’est pas en voie d’extinction et la population de céphalopodes est bien en place (leurs prédateurs les poissons, seraient ils moins nombreux ?); n’ayez pas de scrupule à garder vos plus beaux squids…
Photos Gilles GARNIER