La loi pêche et le code de l’environnement instaurent des périodes de fermeture pour la pratique de la pêche, en ciblant des périodes spécifiques. A partir de septembre et pour tout le reste de l’hiver, ce sont les rivières de 1ère catégorie qui se ferment pour laisser tranquille les truites pendant leur période de reproduction.
Les suivis des reproductions ou des frayères (=lieu de reproduction où les œufs sont déposés) constituent des projets importants pour les Fédérations départementales pour :
- déterminer la qualité du milieu et des habitats
- connaitre la variabilité au sein d’un bassin versant ou entre bassins versants, pour expliquer des différences de densité de truite (par exemple)
- rendre compte de l‘efficacité d’actions engagées ou à engager.
Les populations de truites intègrent une partie des facteurs liés à la qualité de l’eau et à la qualité de l’habitat. Il s’agit donc d’une espèce piscicole repère et l’évolution de ses populations renseigne par extension sur l’évolution qualitative du peuplement piscicole dans sa globalité.
Rappel: la fraie des truites
Les géniteurs effectuent des migrations automnales, en remontant le courant pour rejoindre les zones de frais situées généralement sur les parties amont des bassins versants, dans les petits cours d’eau et les ruisseaux. La truite cherche à enfouir ses œufs pour les protéger, tout en cherchant une zone avec du courant pour qu’ils soient oxygénés.
La femelle va donc préparer un trou où elle va pondre ses œufs qui vont être fécondés par un ou deux mâles avant de les recouvrir de graviers. La forme des frayères est caractéristique : une cuvette suivie d’un dôme où sont localisés les œufs qui sont parcourus par le courant continu de l’eau. Une frayère de truite se caractérise donc par :
- une taille de galets adaptée, pas trop gros pour être remanié, mais pas trop petit pour laisser passer suffisant d’eau et d’oxygène : de 2 à 90mm
- une vitesse de courant qui permet d’apporter suffisamment d’oxygène sans détruire le « nid » de gravier : entre 30 et 80cm/s
- une faible profondeur : entre 15 et 40cm
Ces frayères sont caractérisées par des taches plus claires dans le fond de la rivière, plus ou moins facile à repérer selon la taille du substrat, la taille des géniteurs et le colmatage biologique. Une fois les œufs fécondés, ils auront besoin de 420 degrés-jour d’incubation, puis de 220 degrés-jour au stade de larve vésiculée jusqu’à la sortie de juvénile de la frayère.
Mise en place de protocole
Le suivi rigoureux et généralisé à l’échelle du département est un travail très fastidieux. Ainsi, la Fédération ne réalise pas ce suivi systématiquement mais plutôt dans le cadre d’études particulières.
En 2020 par exemple, la Fédération a mené un projet d’identification des facteurs limitants la densité de truite sur l’ensemble du bassin versant de la Dourbie amont. Un important travail de relevé de frayère a donc été mené sur l’ensemble des affluents pour déterminer sur les truites pouvaient avoir suffisamment de surfaces favorables ET accessible.
Au lieu de prospecter les 32km dans leur entièreté, chacun des ruisseaux a été parcouru en 3 points (secteur amont, médian et aval) permettant ainsi de parcourir environ 1.3km / ruisseau. Au-delà des frais avérés, il a été déterminé la surface disponible favorable à la reproduction des truites : chaque fois que les conditions étaient réunies (granulométrie x profondeur x vitesse de courant), une surface a été mesurée et chacun des paramètres détaillés.
Vers un suivi participatif
Pour garder une vision d’ensemble sur le territoire gardois, la Fédération a organisé une matinée d’information auprès de ses AAPPMA. L’objectif a donc été de leur présenter le schéma type d’une reproduction de truite et de s’exercer à reconnaître les frayères sur le terrain. Parce que nous sommes amenés à observer plus fréquemment des truites pendant cette période (regroupement d’individu, poster dans des eaux peu profondes), cela ne veut pas systématiquement dire qu’elles sont en train de frayer ou sur une frayère.
L’objectif étant que les observations des bénévoles d’AAPPMA puissent être utilisées et valorisées par la Fédération, une feuille de relevé de terrain leur a été distribué. Nous espérons recevoir de nombreuses photos et observations pour, à terme, faire un suivi annuel participatif !