Dans le cadre de sa mission de gestion des milieux aquatiques, la Fédération de pêche du Gard a mis en place un réseau de suivi départemental, dans le but d’établir un diagnostic thermique des différents cours d’eau du territoire gardois. L’étude cherche à évaluer les potentialités piscicoles et en estimer les conséquences biologiques potentielles pour la truite commune (Salmo trutta) et le brochet (Esox lucius). Ce suivi a donc une visée opérationnelle afin de concevoir des mesures de gestion efficaces des cours d’eau.
En effet, la modification des températures peut avoir des conséquences sur la distribution spatiale des organismes vivants, leur vitesse de croissance, leur reproduction ou encore leur état sanitaire (parasites, maladies infectieuses…). En ayant un effet direct sur les espèces, selon leur sensibilité, et sur la quantité d’oxygène disponible, c’est le fonctionnement des écosystèmes aquatiques entiers qui se voie bouleversé. Ces changements peuvent également augmenter les risques d’invasion par des espèces exotiques envahissantes.
Dans ce but, 35 capteurs immergées sont répartis sur le département gardois. Ils ont été installés au minima au printemps et relevées en automne 2023.
Résultats 2023
En regardant le nombre de jours où la température moyenne journalière dépasse les optimums biologiques (i.e. la gamme de température de vie optimal pour une espèce), on remarque que sur la grande majorité des stations, l’optimum haut est dépassé, que ça soit pour la truite ou pour le brochet. Pendant, cette période, les espèces piscicoles survivent mais cherchent des zones refuges plus favorables, tant que les températures ne deviennent pas létales.
Pour la truite, il reste encore des secteurs parfaitement adapté pour le maintien de leur population en période estivale: le bassin de la Dourbie, la Vis ou encore la source du Vidourle. Le dépassement de la limite thermique létale n’a été franchis que sur une seule station: la rivière de l’Hérault à Pont d’Hérault.
Malgré cela, 2023 n’est pas l’année la plus chaude enregistrée, depuis 2011 que le suivi existe. Par rapport à l’année exceptionnelle de 2022, c’est en moyenne 16 jours de moins de dépassement d’optimum thermique.
De plus, pour relever l’influence du changement climatique sur les eaux, l’indicateur des « 30 jours les plus chauds » peut être utilisé. Cette année encore, la période la plus chaude pour les eaux est arrivée plus précocement. A l’échelle du Gard entier, cette période des 30 jours a commencé 1 semaine plus tôt par rapport à 2022, avec cependant une température moyenne plus basse de -1 °C.
Quelques références scientifique:
Baptist, F., Molina, Q., Perceval, O., Lacour, C., Augeard, B., Pelte, T., … & Rochard, E. (2014). Agir pour réduire la vulnérabilité des peuplements de poissons. Les poissons d’eau douce à l’heure du changement climatique : état des lieux et pistes pour l’adaptation. (13), 2014, 86-114.
Poff, N. L., Brinson, M. M., & Day, J. W. (2002). Aquatic ecosystems and global climate change. Pew Center on Global Climate Change, Arlington, VA, 44, 1-36.
McCauley, R.W., Casselman, J.M., 1981. The final preferendum as an index of the temperature for optimum growth in fish. In World Symposium on Aquaculture in Heated Effluents and Recirculation Systems B. K. Tiews. Heenemann Verlagsgesellschaft Ed., 81-93.